Le lac municipal de Yaoundé : Un égout... dégoutant.
| Toute personne qui arrivait à Yaoundé, faisait un tour du côté du Lac Municipal. Puis vint la déchéance, due à une pollution très importante de ses eaux et de son environnement qui a entraîné la désaffection des populations. Il fut en conséquence fermé au public en 1982. Cet état de choses constitue évidemment une situation préoccupante pour les populations concernées, mais également pour la ville de Yaoundé. Il faut redonner à ce lac, ses lettres de noblesse;et les pouvoirs publics apparemment s’y attèlent. Des directives relatives à l’aménagement des lacs et autres cours d’eau urbains. Ce fut déjà le cas, il y a quelques années pour ce qui est de l’aménagement des lacs dans plusieurs villes de notre pays. Aujourd’hui nous avons le cas du grand Lac de la ville d’Ebolowa où nous avons engagé, avec la Communauté Urbaine d’Ebolowa un programme d’aménagement devant en faire un véritable centre d’attraction touristique. Face à la situation désolante du Lac Municipal de Yaoundé, le Gouvernement avait, en l’an 2000 commandé une étude de préfaisabilité du projet de réhabilitation du dudit Lac. Cette étude avait eu le mérite en son temps, de cerner la problématique devant sous-tendre le choix du principe d’aménagement du lac, résumé ainsi qu’il suit : "Doit-on, au regard de l’état de pollution du lac, uniquement aménager les berges pour les rendre agréables et développer de ce fait une promenade plutôt passive autour du lac, ou alors assainir au préalable les eaux et le site et ensuite aménager les berges, mais également développer une activité de plaisance sportive, touristique et commerciale autour du lac ?" La deuxième alternative est celle qui a été retenue par le Gouvernement et qui donne la priorité à l’assainissement durable du site et au développement d’une retenue d’eau saine, suivi à terme par le développement des infrastructures viables pour des aménagements conséquents en vue de la promotion de l’image et de l’économie de la ville de Yaoundé, à travers des activités socio-économiques. A cet effet, un comité interministériel avait été créé le 2 août 2000 par le Chef du Gouvernement, en vue du pilotage du projet de réhabilitation du Lac Municipal de Yaoundé. Ce comité, entre autres, avait, avec la contribution d’éminents universitaires et autres experts, procédé à l’identification des principales sources de pollution dudit lac, à savoir : - La station d’épuration du lotissement SIC Messa, non fonctionnelle alors depuis une décennie ; - L’apport des fosses sceptiques des immeubles riverains, dont l’Hôtel des Députés ; - Les eaux usées directement déversées dans les affluents par les ménages riverains ; - Les ordures ménagères déversées dans les affluents ; - Les eaux de ruissellements du bassin versant charriant des matières minérales et organiques ; Certaines études avaient même conclu à un risque élevé de contamination de la nappe phréatique du bassin du Lac. La petite histoire du lac municipal nous apprend qu’il aurait été crée à l’époque ou Mr. Jean Christole de nationalité française était Chef de Région de Nyong et Sanaga et Administrateur Maire de Yaoundé de 1951 à 1953. Au départ, ce lac portait le nom de ce colon pour devenir quelques temps plus tard tout simplement « Lac municipal »Déjà sur le plan esthétique, un plan d’eau en plein coeur de la capitale était un plus, tout en ajoutant que les pompiers de la ville de Yaoundé avaient coutume d’y puiser de l’eau, lors des ruptures d’approvisionnement en eau que connaît de tant en tant la capitale. L’aspect culturel n’était pas en reste, Il s’y déroulait des compétitions de pêches, de ski nautique, courses de pirogue entre autre.Des expositions de peintures, des sculptures, des objets d’art, des produits issus de la maroquinerie du septentrion étaient exposés et vendus aux étrangers et aux nationaux, lors des foires expositions qui se déroulaient dans des bâtiments situés au bord du lac municipal. L’éclat de ces foires et expositions était rehaussé par des groupes de danses de toutes les régions du Cameroun. Sur la berge située du coté de la résidence actuelle du 1er Ministre, était installée une buvette, fabriqué en matériaux locaux, ou l’on pouvait admirer le coucher du soleil sur le lac, tout en sirotant un « Diabolo – menthe » ou tout autre boisson à la mode, à cette période. Aujourd’hui, la situation s’est totalement dégradée. Le lac municipal s’est réduit comme une « peau de chagrin » et nous offre désormais un spectacle désolant :
Notons que le lac municipal de Yaoundé a pour riverains d’illustres personnages et institutions, tels que la résidence du 1er Ministre, du Gouverneur du Centre, des locaux abritant l’Ecole Nationale d’administration et de Magistrature, la Délégation des Travaux Publiques, L’hôtel des Députés, à quelques encablures, les ministères des Finances, du Tourisme, du Commerce, de la Santé et j’en passe. Une disparition lente mais inexorable, tel semble être le tragique destin de ce lac Municipal, ceci apparemment, dans l’indifférente des uns et des autres. |
