Le VIH1 du groupe N identifié au Cameroun...

Publié le par Luther

Le VIH-1 du groupe N a été identifié au Cameroun en 1998 et n'avait jamais été signalé que dans ce pays. Une équipe de l'hôpital Saint-Louis, à Paris, publie dans le Lancet l'observation clinique d'un voyageur qui s'est contaminé au Togo, posant des problèmes biologique et thérapeutique spécifiques.hiv.jpg

Le 21 janvier 2011, un homme de 57 ans, habitant en France, se rend aux urgences huit jours après son retour du Togo. Une infection à VIH est évoquée devant le tableau clinique (fièvre, éruption cutanée, adénopathies et ulcération génitale) associé à l'évocation de relations sexuelles durant le séjour. ELISA et Western-Blot sont faiblement positifs.

Le 9 février, le patient développe une paralysie faciale. L'ARN VIH plasmatique est alors de 4,4 log10 copies/ml et le taux de lymphocytes T CD4+ de 219/µl. Les médecins décident la mise sous traitement antirétroviral. Au préalable, suivant les recommandations françaises en la matière, ils demandent un génotype du virus. Mais les biologistes ne peuvent amplifier les gènes de la transcriptase inverse et de la protéase, alors même que la charge virale est élevée. Une recherche du sérotype viral est alors effectuée qui montre une réactivité vis-à-vis des antigènes spécifiques du groupe N. Le séquençage du génome entier confirme l'appartenance du VIH-1 au groupe N. Une pentathérapie antirétrovirale est débutée (ténofovir, emtricitabine, darunavir/ritonavir, raltégravir, maraviroc). Au bout de quatre semaines, la charge virale descend au-dessous des 20 copies/ml et les CD4 s'élèvent à 483/µl.

 

L'équipe de Saint-Louis conclut sur une mise en garde

Cette contamination survenue au Togo montre que le VIH-1 de groupe N a franchi les frontières du Cameroun. L'observation soulève plusieurs problèmes. Les kits de dépistage et de génotypage ne se sont pas montrés très efficaces dans cette situation. Les signes cliniques de l'infection sont très marqués et le déclin des CD4 rapide. Une quintuple association antirétrovirale a été d'emblée nécessaire. On ignore si son efficacité initiale, tant virologique qu'immunologique, se maintiendra dans le temps.

L'équipe de François Simon conclut sur une mise en garde. Des divergences entre les données de la charge virale et des tests moléculaires doivent attirer l'attention des cliniciens et des biologistes, et évoquer un VIH-1 du groupe N.

Une variante du VIH 1, dénommé HIV 1 groupe P, a été isolée pour la première fois chez une patiente d’origine Camerounaise suivie en région parisienne depuis 2004.

Le nouveau variant a été caractérisé par l’équipe du Pr. Jean-Christophe Plantier (Centre hospitalier universitaire de Rouen) en collaboration avec le Dr. David Robertson de l’Université de Manchester (Royaume-Uni) et le Pr. François Simon de l’hôpital Saint-Louis (Paris).

Ce variant trouverait son origine chez le gorille, le virus étant extrêmement proche d’un virus identifié il y a 3 ans parmi des populations de ces grands singes d’Afrique centrale. L’origine de ce  groupe P serait donc du à un passage de virus d'immunodéficience simien (SIV) du gorille à l’homme. Cette situation serait comparable à ce qui s'est passé avec le HIV-1 de groupes M et N, avec une contamination par manipulation de viande de chimpanzés infectés.

Selon l'ANRS, la patiente présente une immunodépression avec des chiffres de CD4 aux environs de 300 cellules/mm3. Cette patiente a été dépistée séropositive par les principaux tests actuellement utilisés en transfusion sanguine et en diagnostic. Les examens de confirmation  étaient également positifs. La négativité de certains des examens de charges virales a permis de suspecter une infection par un VIH atypique.

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