Le jacinthe d'eau:Problème ou salut pour l'environnement au Cameroun?

Publié le par kamer pharma

 


 La Jacinthe d'eau ou calamote (Eichhornia crassipes) est une plante aquatique des rivières, canaux et lacs des régions tropicales de la famille des Pontederiaceae. On pense que la hyacinthe d'eau provient de la cuvette Amazonienne et des grands lacs et marais de la région de Pantanal dans l'ouest du Brésil. Cette Jacinthe est un macrophyte aquatique dont les tiges grandissent de 0.5 m à 1 m par jour dans certains site d'Asie du sud-est. Ces jacinthes peuvent former des tapis flottants denses. Ses feuilles sont épaisses, cireuses, arrondies et lustrées et augmentent bien au-dessus de la surface d'eau sur les tiges. Elles sont grossièrement oviformes à circulaire, 10-20 centimètre dans le diamètre, elles se courbent sur les bords (qui sont ondulés).jacinthe-d-eau-1172334007 Les veines des feuilles sont denses, nombreuses, en amende et longitudinales. Les tiges de la feuille sont bulbeuses et spongieuses. La tige est droite, de 50 centimètre long, et porte au sommet une pointe unique de 8-15 fleurs voyantes. Les fleurs ont six pétales, bleu violacé à rosâtres, le pétale du sommet est jaune. Ses racines sont noir violacé et plumeux. La croissance de cette plante est une ou la plus rapide du règne végétal. Eichhornia crassipes dispose d'un rhizome mesurant jusqu'à 6 centimètres de diamètre et jusqu'à 30 centimètres de longueur. Plus de 50% de la biomasse d'une Jacinthe d'eau peut être constitué par ces racines. Les racines peuvent mesurer jusqu'à 300 centimètres. Le fruit forme une capsule qui peuvent contenir jusqu'à 450 graines. Impacts environnementaux En l'absence de ses consommateurs naturels (lamantin par exemple), cette plante se montre volontiers invasive.Sa croissance rapide et les modifications des écosystèmes qu'elle induit (diminution de la vie aquatique, faute de lumière), sont problématiques. La jacinthe d'eau est devenue l'un des fléaux le plus important pour les étendues d'eau douce des tropiques dans les régions où elle a été introduite, rivières et lacs dans des pays tel que le Salvador où la Calamote menace la faune, la flore par exemple dans la Laguna de Olomega à San Miguel de Salvador. Elles forme rapidement des tapis monospécifiques denses. Ceux-ci réduisent la nuit le niveau d'oxygène de l'eau à un niveau insupportable pour de nombreuses espèces (anoxie). Si elle pompe les nitrates excédentaires de l'eau, elle s'oppose à la désinfection naturelle de l'eau par les UV et elle change ainsi la nature des sédiments et des paysages. E. crassipes est maintenant présente dans toutes les régions des tropiques, dans plus de 50 pays sur les cinq continents. On a utilisé l'Eichhornia crassipes pour sa capacité à extraire certains éléments nutritifs et métaux lourds dans les boues des bassins de décantation de traitement des eaux usées. Au Kenya, la jacinthe d'eau a été utilisée expérimentalement comme engrais organique, cependant il y a quelques controverses comme les effets sur les sols dû au pH très alcalin (valeur > 9). L'utilisation de la fleur a aussi été expérimentée en alimentation animale. En Chine, cette plante a été largement utilisée en aliment du bétail des années 1950 aux 1970, durant les grandes pénuries. Elle y avait aussi été utilisée comme engrais. Depuis la fin des années 1980, ces usages sont tombés en désuétude. Son seul usage est maintenant de nourrir les canards et de contribuer à l'épuration des eaux polluées. Aujourd'hui la jacinthe d'eau est utilisée comme principal matériau pour la confection de meubles de qualité. En birmanie, thaïlande et au vietnam, la plante est largement récoltée. Ses racines, bouillies et séchées, sont assemblées en cordelettes puis tressées autour d'une armature en bambou. Cet artisanat à un double avantage, il permet un ralentissement visible de l'invasion de la plante et dynamise sensiblement l'activité économique locale.

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Seulement cette plante aquatique ne semble pas etre bien gérée par tout le monde. Au Cameroun elle semble poser de réels problèmes au large des berges du Wouri.

Cette plante aquatique entrée dans les zones côtières en 1992 venant du Lac Tchad continue sa progression, non sans conséquences.Mme Njoh Masse, riveraine dans un canton voisin a du mal à comprendre le «laxisme» des autorités face à la progression de la Jacinthe d'eau dans la rivière Fiko. «C'est incroyable de voir comment cette plante à réussi à nous priver de la rivière. A la place, ce sont de grands arbres qui y sont». Il y a quelques années en fait, son époux et elle ont acquis du terrain à quelques mètres de la rivière: «Nous voulions y construire un refuge touristique en exploitant la présence du cours d'eau» soupire-t-elle. C'était compter sans la présence de la jacinthe tapie dans les eaux de ladite rivière.
Depuis près de trois ans en effet, les populations de cette localité ont du mal à se défaire de cette plante qu'elles avaient pourtant accueilli avec ravissement.
«Lorsque les premières jacinthes sont apparues, nous étions si contents. Les femmes s'en servaient pour composer des pots de fleur. Malheureusement, quelques temps plus tard, nous avons constaté qu'elle envahissait la rivière. Nous avons commencé à ne plus avoir du poisson. Nous avons jeté les fleurs que nous avions dans les maisons». Se souvient Adolphe Mpessa Ndika, un octogénaire, pêcheur installé aux abords de la rivière. Cependant, les populations de ce village n'ont plus jamais réussi à se débarrasser de cette plante.
Ce malgré les différentes initiatives menées par Mme Njoh Masse et son époux et des populations. «Nous n'avons pas les moyens nécessaires pour la combattre. Il y a un an, nous avons pris les pirogues et avons tentés de débarrasser le fleuve de cette plante. Nous avons vite déchanté du fait de la présence des caïmans. Et de toutes façons, nous nous sommes rendus compte que tout seul, nous ne pouvions pas mener ce combat vu la rapidité avec laquelle la plante se propage», raconte, encore apeuré Joël Epallé, un jeune agriculteur.6.jpg

Invasion
Malheureusement, ce n'est pas que dans ce canton que la lutte contre la Jacinthe d'eau est engagé. Cette plante a en effet envahi tout le bassin hydrographique du Lac Tchad et colonisé tous ses affluents au point de les menacer de disparition. «C'est une plante qui ne se fixe pas. Dès qu'elle touche le fond quelque part, elle se déplace et c'est là tout le problème. Au Cameroun, la jacinthe d'eau se développe sur 15 cm par jour. Et c'est une grâce, parce qu'en Asie, elle se déplace sur 50 à 60 cm toutes les 24h. Dans tout le Cameroun et même dans le Lac Tchad, les cours d'eau sont envahis par la jacinthe d'eau qui ne tient pas compte des saisons. Quand la pluie tombe, 50% de cette eau est absorbée par la jacinthe et ne va pas dans nos cours d'eau pour les alimenter. Aujourd'hui, le Wouri n'a plus de poissons à cause de cette plante et aussi de l'ensablement qui favorise le développement de la plante», confie l'environnementaliste.Face à la progression de cette plante née dans le bassin de l'Amazonie en Amérique du Sud, l'Ong Ohdpc a adressé un mémorandum en novembre 2006 au ministre de l'Environnement et de la Protection de la Nature pour lutter contre ce phénomène. Dans ce rapport, l'organisation affirme en effet que: «Dans les zones côtières, elle constitue un grand obstacle pour le pêcheur c'est une vraie catastrophe. Non seulement les lignes se prennent dans les racines, mais l'eau devient plus chaude et pauvre en oxygène, tuant les poissons. Les pêcheurs se plaignent de plus des attaques répétées de crocodiles et de serpents. Elle provoque aussi des inondations: La couverture végétale est si dense à certains endroits que l'on peut marcher dessus sans s'enfoncer. Elle forme une sorte de barrage qui bouche les rivières». 
A Douala notamment, le même combat se livre sur le Wouri sur le lit duquel la jacinthe d'eau s'épanouie, privant les populations de poissons. Selon des études menées à ce sujet, la partie Nord du cours d'eau s'est rétrécie de 5 à 10 mètres de part et d'autre. Des kilomètres plus loin, dans la région du Centre, le bief autrefois navigable (Ayos-Abong-Mbang) de 100 km est rendu aujourd'hui inutilisable toujours à cause de la jacinthe d'eau. La Bénoué n'échappe pas non plus à l'envahissement de son lit par la Jacinthe. Alors que des initiatives privées ont pris le relai, il est évident que seule une implication forte du gouvernement puisse permettre de résoudre ce phénomène.
Pour Comprendre : Comment s'en débarrasser?

Selon l'Odhpc, plusieurs espèces d'insectes ou de champignons ont été identifiées comme prédateurs de la jacinthe d'eau. Une des plus efficaces est le charançon, un petit parasite qui fait des trous dans les feuilles de la plante. Ces dernières s'enfoncent alors dans l'eau, captent donc moins de lumière, et finissent par mourir. De plus, les larves empêchent les jacinthes de respirer en colonisant ses racines. Mais cette méthode peut prendre du temps. 
La lutte chimique a été la première méthode utilisée. L'application d'herbicides est efficace sur des petites surfaces, mais elle est impuissante face à la prolifération excessive. De plus, le glycolipide peut être toxique, notamment pour les personnes qui s'approvisionnent en eau potable au lac. Reste la récolte manuelle : des bateaux qui ratissent la surface de l'eau. La jacinthe d'eau. Peut atteindre des densités incroyables : jusqu'à 50 kg par m_ ! Une fois débarrassées de toute leur eau, les feuilles récoltées peut servir de fibre pour du tissu ou du papier. Elles fournissent aussi un apport non négligeable de biomasse, et en Asie du Sud on les utilise même pour nourrir le bétail. 
Mais cette méthode est coûteuse (il faut transporter les énormes masses de feuilles par camion), et dangereuse (attaques de crocodiles et d'hippopotames). Le lamantin, un gros mammifère exclusivement herbivore consomme des herbes flottantes ou immergées comme les plantules et la jacinthe d'eau, il peut consommer en moyenne 50 kilogrammes de végétaux par jour. Son introduction dans nos eaux serait une solution adéquate pour combattre la prolifération de la jacinthe d'eau. Par ailleurs, on pourrait également tirer profit de cette plante envahissante en s'inspirant de l'expérience de la coopérative de vannerie de Gashora, (Covaga) à l'Est du Rwanda. Là-bas en effet, cette plante devient une source de revenus appréciée. Ses tiges et ses feuilles, séchées avec grand soin pendant près de trois semaines au soleil, donnent des fibres fines, matière première pour la vannerie et la papeterie. Grâce au travail de cette coopérative depuis 2004, une grande partie du lac Rumira dans le Bugesera a retrouvé ses eaux libres et ses poissons.



 

Publié dans PLANTES ET NATURE

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